Elle sentit son cœur se serrer et les larmes lui
Elle sentit son cœur se serrer et les larmes lui monter
aux yeux. Elle décida de relire son message, pour être sûre de ce qu’elle
venait de lire, ou pour souffrir un peu plus.
Elle s’éloigna. Les larmes roulaient désormais sur ses
joues, empourprées la minute d’avant alors qu’elle avalait goulument des fruits
au chocolat.
Sortir, fumer une clope, un échappatoire de courte durée
qu’elle considérait comme la seule solution désormais. Il fallait qu’elle REFLECHISSE.
Elle réfléchissait trop, voila ce qu’on lui disait
souvent. Pourtant elle ne pouvait s’en empêcher. Une phrase, un mot, elle
décortiquait tout inconsciemment, cherchait un sens caché derrière chaque
parole. Sa tête bouillonnait constamment.
Elle en arriva à la conclusion qu’elle devait mettre fin
à tout cela. Arrêter cette torture des sentiments, cette dualité constante
entre pardonner celui qui l’avait trompé
ou le quitter. Sans confiance il n’y a
pas d’amour. Alors à quoi bon.
Elle devait lui dire tout ça, lui écrire un mail tout de
suite, maintenant, avant de rechanger encore d’avis.
Mais d’abord la télévision. Voila ce qui pourrait lui
faire oublier l’espace d’un instant tout ce qui se bousculait dans sa tête.
Elle l’alluma, prestement, comme si sa vie entière en dépendait. Enfin. L’image
et le son. Comme une bouffée d’oxygène.
Elle se laissa tomber sur le canapé, tentant de
rassembler toute sa concentration sur ce qui se passait sur le petit écran. Arrêter
de penser, de penser sans arrêt à ces choses qui lui faisaient tant de mal. Et
pourtant, malgré tous ses efforts, elle regardait toutes ces images défiler d’un
œil distrait, laissant son esprit vagabonder dans ces territoires qu’elle
redoutait.
«il y a un nouvel occupant chez nous !»
«quoi ?» s’entendit-elle répondre d’une voix
ou se mêlaient curiosité et lassitude
«viens voir, dans le jardin ! un lapin !»
Ses questions, ses soucis, ses doutes, ses anxiétés s’envolèrent alors qu’elle jaillit du canapé pour courir
vers le jardin.
Elle ne vit d’abord qu’une boule grise, un tas de poils et
d’herbes folles. «Un punk» pensa-t-elle aussitôt, et un léger
sourire naquit sur ses lèvres sans qu’elle s’en rendit compte. Elle souleva la touffe de poils qui cachait
ses petits yeux noirs anxieux. «Alors
comme ça toi aussi tu t’es perdu ?»
Le lapin ne répondit pas.